mardi 18 octobre 2011

Test oculaire UWA 28 mm ASTRO-Professional

Nombreux sont les amateurs à rêver d'un oculaire ultra grand champ de longue focale ! En effet, ce type d'oculaire permet d'accéder à des champs résultants importants, idéaux avec la plupart des objets du ciel profond, ainsi qu'avec les surfaces lunaire et solaire. Les ultra grand champ offrent aussi une sensation visuelle unique : avec 84 degrés de champ nominal, l'image devient presque sans limite et donne l'impression à l'observateur de plonger littéralement dans l'espace.
Hélas, ce type d'oculaire est généralement très coûteux... Heureusement, la marque allemande ASTRO-Professional commercialise des UWA à des prix de vente attractifs. Parmi ceux-ci, un 28 mm qui se targue de rivaliser avec les meilleures fabrications (américaines notamment).


Présentation : l'oculaire ASTRO-Professional UWA 28 mm possède un champ nominal de 84 degrés, une focale de 28 mm et une douille au coulant 50,8 mm. Conséquence immédiate, ses poids et encombrements sont importants (poids 954 g ; hauteur 13 cm). Dans ces conditions, il est impératif de l'installer sur un porte-oculaire 50,8 mm ou sur un renvoi coudé costaud et de serrer correctement leurs vis de fixation.
Côté finition, les matériaux aluminium employés sont de très belle facture et devraient satisfaire l'amateur exigeant. La forme légèrement conique de la base de la douille permet d'éviter tout risque de chute éventuelle en cas de desserrage inopiné de l'oculaire. Au chapitre de l'ergonomie, nous avons particulièrement apprécié le gainage entourant le corps de l'oculaire (pratique lors des manipulations sur site) ainsi que le gros oeilleton rotatif réglable permettant de régler parfaitement la distance oeil/oculaire (sa rotation est "onctueuse" et précise, les reflets éventuels venant de lumière latérales sont parfaitement éliminés). Précisons enfin que la douille de l'oculaire est filetée afin de recevoir tout filtres colorés ou interférentiels.


Ci-dessus : l'oeilleton rabattu et surélevé
afin d'améliorier le confort visuel.

Les instruments utilisés pour ce test : pour jauger des performances de cet UWA 28 mm, nous avons fait appel à deux instruments forts différents sur le plan du comportement optique... Une lunette ED 80/480 mm dont l'optique fournit des images de haut niveau mais moyennement dégradées en bord de champ par la distorsion ; et un télescope Cassegrain 200/1800 équipé d'un aplanisseur corrigeant parfaitement courbure et coma résiduelles en bord de champ. Une fois ces instruments installés sur site, nous avons pointé successivement la Lune, Jupiter, ainsi que des amas d'étoiles et nébulosités.

La douille 50,8 mm, légèrement conique,
peut recevoir des filtres.

Les résultats obtenus : sur la Lune, l'image obtenue apparaît de très bon niveau sur une large zone centrale. Aucun chromatisme n'est visible, ni dégradation de la netteté. En bord de champ, le comportement de l'oculaire diffère en fonction de l'instrument utilisé... Avec la lunette, le piqué sur la Lune baisse de manière sensible tandis que le chromatisme apparaît sous la forme d'un liseré jaune profond sur le limbe lunaire. Avec le télescope, si le chromatisme est sensible en bord de champ, le piqué en revanche demeure à un très bon niveau. Compte tenu du champ couvert par l'oculaire, ces résultats peuvent être considérés comme très bons.

Sur Jupiter, nous avons fait le même constat... Sur une large zone centrale, le piqué obtenu (contraste et résolution) se situent à un excellent niveau, révélant de beaux détails dans les bandes équatoriales et plus précisément à proximité de la Grande Tache Rouge (nodules et ovales bien visibles). En bord de champ, le chromatisme est visible sans être réellement gênant, la netteté baisse dans la lunette mais demeure à un bon niveau dans le télescope.

En ciel profond, enfin, les images apparaissent spectaculaires ! Quel que soit l'instrument utilisé... Les distorsions visibles en bord de champ dans la lunette s'estompent sur les champs stellaires piquetés d'étoiles faibles. Même constat en ce qui concerne le chromatisme qui n'apparaît dans la pratique jamais gênant. Dans le télescope, les étoiles sont ponctuelles, y compris en bord d'image, mais le grossissement obtenu (64x) semble un peu trop élevé pour profiter au maximum des images obtenues. Dans la lunette, la sensation est inverse... Avec un grossissement de 17x et un champ résultant colossal de 4,9 degrés, l'observateur embrase 100% des objets étendus les plus spectaculaires : galaxie d'Andromède M31, nébuleuse North America, Dentelles du Cygne (les deux dentelles sont parfaitement vues dans le champ de l'oculaire équipé d'un filtre Oxygène 3), amas d'étoiles des Pléiades, etc. Un vrai régal qui se double d'une sensation de contraste et de netteté saisissante sur une large zone centrale de l'image.

Nos conclusions : l'oculaire UWA 28 mm ASTRO-Professional fournit des performances générales de très bon niveau. Les images obtenues sur les surfaces planétaires sont excellentes sur une large zone centrale, avec un contraste et une résolution très intéressants. Visiblement conçu pour ne pas dégrader la netteté en bord de champ, il se marie parfaitement avec les instruments ayant peu de distorsions et/ou de courbure de champ (télescopes corrigés, lunettes ou télescopes de rapport F/D moyen). En revanche, l'amateur utilisant un instrument présentant coma et/ou courbure n'aura pas intérêt à placer des objets brillants en limite de champ image (une pratique que les amateurs ne font généralement jamais). Reste enfin le prix de vente de l'oculaire, extrêmement compétitif compte tenu de ses performances, et surtout compte tenu du tarif des oculaires qu'il concurrence efficacement...

Les points forts : très bonne qualité optique, belles finition et ergonomie, prix de vente très compétitif par rapport à la concurrence.

Les points faibles : à utiliser de préférence sur un instrument bien corrigé en bord de champ, nécessite un porte-oculaire costaud.

Pour accéder à la fiche pratique de cet oculaire : CLIQUEZ ICI.