vendredi 10 décembre 2010

Essai de terrain de l'ASTRO-Professional Triplet 80 ED Carbone

Nous avons reçu la toute nouvelle ASTRO-Professional Triplet 80 ED Carbone que nous nous sommes empressés de tester sur le ciel, en terrestre et en photographie. Nous avons été subjugués par ses performances très élevées, notamment côté correction chromatique (aucun chromatisme décelable), contraste et résolution. Pour tout dire, ce tube optique est parmi les meilleurs que nous n'ayons jamais essayé à ce jour !

En astronomie, elle fournit des images d'excellent niveau sur la Lune et les planètes. Sur Jupiter, nous avons été surpris par l'aspect brun dense de la bande équatoriale principale, plus sombre (et donc mieux visible) que dans les lunettes ED et APO concurrentes. En ciel profond, utilisée avec un oculaire grand champ performant, les images sont de haut niveau, avec une impression de piqué élevée.

En terrestre, équipée d'un redresseur à 45° et d'un zoom, là-encore les images fournies sont de haut niveau. Le chromatisme n'est jamais sensible, y compris lorsque l'on observe un sujet au soleil présentant des zones de transition franche clair/sombre.

En photographie terrestre, en particulier animalière, les résultats obtenus se situent un cran au-dessus de ceux fournis par la même lunette, mais en version doublet ED cette fois (cliquez ici). La correction du chromatisme est totale et le contraste encore meilleur ! Son ergonomie est en revanche identique, même si son encombrement est inférieur du fait de sa focale plus courte (480 mm contre 560 mm pour la version doublet). Sa longueur mini, pare-buée rétracté, est de 36,4 cm, pour un poids de 2,3 kg... Qui dit mieux ?

Notre spécialiste, Christophe Lehénaff, passionné de photo animalière, vient de nous communiquer ses premiers résultats ainsi que son sentiment concernant cette triplet 80 hors normes...

J'avoue avoir été séduit par ce tube optique qui, pour moi, rivalise vraiment avec les téléobjectifs photo APO Canon et Nikon traditionnels. Son encombrement est réduit, ce qui permet de l'adapter sur un monopode sans avoir de problèmes de flous de vibrations au de tremblements au déclenchement (pas besoin de pied photo). Autre avantage de cet encombrement réduit : la manipulation sur le terrain est assez instinctive, comme lorsqu'il faut faire la mise au point rapidement et finement sur l'oeil d'un animal par exemple. Le porte-oculaire rotatif est assez agréable à manipuler, permettant de basculer assez facilement du cadrage horizontal au cadrage vertical en une demi-seconde.

Autre aspect important : le rapport d'ouverture de 6 (contre 7 pour la version doublet ED) permet d'accrocher des vitesses un peu plus rapides et/ou de baisser la sensibilité iso du boîtier. Autre avantage d'une ouverte de 6 : les arrière et avant plans s'estompent plus, rendant l'image plus naturelle et permettant de supprimer plus facilement des grillages ou des détails du paysage peu esthétiques.

Concernant la finition carbone, de nombreux amateurs s'interrogent sur le bien fondé d'une telle finition par rapport au classique aluminium. Outre le gain sensible en poids (presque 20% de poids en moins tout de même !), je trouve la capacité d'encaisser les amplitudes thermiques nettement supérieure. Pour preuve, je prends les essais que je viens de réaliser par des températures froides (au-dessous de 0 degré). Ces températures n'ont jamais provoqué de condensations sur les lentilles de l'objectif alors que la lunette est systématiquement passée du froid au chaud durant plusieurs jours d'affilée. De même, le contact des mains sur le tube carbone froid est infiniment plus agréable qu'avec un tube alu classique.

Mieux que de longs discours, voici quelques images réalisées sur site...

Ce tigre de Sibérie n'est resté que quelques instants allongé sur la neige. D'abord de dos, il s'est retourné subitement, ne me laissant prendre qu'une seule image au 1/2000è s et 800 iso.

Ci-dessous, le crop 100% sur son oeil (la petite dégradation de l'image est liée au bruit du capteur)...
Ce puma était situé à l'ombre, à une petite dizaine de mètres de moi. Malgré le temps de pose assez lent (1/180è s) l'image est parfaitement nette sur monopode.

Ce crop 100% montre bien le potentiel de la lunette :


Ce jeune tigre blanc était situé tout près du grillage de protection. Pourtant, ce dernier est invisible sur l'image finale ! L'ouverture de 6 de cette lunette, alliée à une focale de 480 mm, permet de gommer littérablement les grillages pour des images très naturelles.

Ce lynx roux s'était installé au sommet d'un arbre à une quinzaine de mètres. La contre plongée obligatoire que j'ai du réaliser pour le photographier est facilitée par la faible longueur du tube (le photographe n'a pas à se plier en deux pour viser à travers son boîtier photo).
Une focale de 480 mm en 24x36 (768 mm au format APS-C) permet de réaliser des cadrages extrêmement serrés d'un sujet. L'ouverture de 6 fournit une image lumineuse dans le viseur de l'appareil photo : de quoi effectuer avec précision la mise au point sur l'oeil ou le museau de l'animal.
Ce lynx de Sibérie a longtemps évité l'objectif, préférant passer son temps à me narguer, toujours caché derrière des branches ou regardant dans d'autres directions. Puis, il s'est enfin retourné vers moi. Le très bon piqué fourni par cette lunette permet de réaliser d'éventuels agrandissements géants en poster.

Mes conclusions : un téléobjectif APO de 500 mm de qualité coûte extrêmement cher. Certes, celui-ci offre des atouts non négligeables tels que l'autofocus, la stabilisation (quoique peu primordiale sur un monopode), ou encore la possibilité de fermer le diaphragme (en pratique peu utile car on recherche surtout les grandes ouvertures avec ce genre d'objectif). Or, à moins de 800 €, cette APO Triplet 80 ED Carbone offre non seulement des performances photo assez exceptionnelles, mais aussi et surtout une polyvalence extraordinaire (observations astronomiques, terrestres, photo) dans un encombrement réduit. Ce tube optique représente à mes yeux un véritable "outil multi-fonctions", une sorte de "couteau suisse optique' qui servira tantôt d'instrument principal, secondaire, de lunette guide, de longue-vue terrestre, de téléobjectif, etc.
Christophe Lehénaff.