vendredi 15 février 2008

L'éclipse totale de Lune du 21 février 2008 !

Dans la nuit du 20 au 21 février prochain, la Lune s'effacera du ciel pour laisser la place à un disque ocre jaune certainement spectaculaire. Ce phénomène sera visible dans une grande partie du monde, Europe et Afrique de l'Ouest, continent Sud-Américain, Est de l'Amérique du Nord, et Arctique. En Europe, et donc en France, il faudra scruter notre satellite à partir de 1 h 40 (donc le jeudi matin) pour commencer à distinguer une baisse de sa luminosité.

Une éclipse de Lune, comment ça marche ? Au contraire d'une éclipse totale de Soleil, c'est la Terre qui s'interpose devant le Soleil depuis notre satellite : le trio Soleil / Terre / Lune est alors parfaitement aligné... Notre planète projetant un cône d'ombre dans l'espace, la Lune se glisse dedans au fur et à mesure de son orbite.

Pour un observateur situé sur Terre, la Pleine Lune brille d'abord de son plus bel éclat, puis commence à rentrer dans la pénombre du cône d'ombre projeté par la Terre (son éclat diminue alors légèrement), puis dans le cône sombre lui-même (cette fois le disque lunaire est 'grignoté' au fil des minutes), jusqu'à pénétrer totalement dans l'ombre : la Lune devient sombre et d'une couleur ocre ou rouge. Cette teinte caractéristique est la conséquence des quelques rayons lumineux en provenance du Soleil réfractés par l'atmopshère terrestre.

Comment va se dérouler le phénomène ? La Lune va rentrer dans la pénombre de l'ombre de la Terre à partir de 1 h 40 (heure locale). Sa luminosité commencera alors à diminuer, mais très légèrement.
C'est vers 2 h 45 que les choses sérieuses vont commencer : notre satellite pénètre cette fois dans l'ombre de la Terre. Son disque va donc s'effacer au fil du temps, donnant à l'astre sélène un aspect irréel de 'fausse' phase lunaire.
Vers 4 h 03, c'est le début de la totalité : la Lune n'étant pas tout à fait au centre de l'ombre de la Terre, il y a fort à parier qu'elle demeurera assez lumineuse, avec une teinte ocre jaune typique.
La totalité prend fin vers 4 h 47 ! S'ensuit alors la dernière phase partielle rendant à la Lune sa luminosité normale (fin de l'éclipse par l'ombre vers 6 h 07, et par la pénombre vers 7 h 14).

A noter que la fin de l'éclipse partielle par la pénombre se déroulera alors que la Lune ne sera plus qu'à 5 degrés de hauteur au-dessus de l'horizon Ouest Nord-Ouest. A cette faible hauteur, et alors que le ciel commence à s'éclaircir avec l'arrivée de l'aube, aucun différence de lumière ne sera plus détectable par l'observateur.
Enfin, précisons que la planète Saturne sera non loin de la Lune : durant la totalité, la planète aux anneaux se situe à environ 4 degrés de la Lune (au-dessus, et à gauche depuis la France)

Ci-dessus, à gauche : le détail d'une des deux phases partielles, réalisé sous la forme d'un chapelet (surimpression de diverses images prises à intervalle régulier). On le voit très bien, le disque lunaire disparaît progressivement.
Ci-dessus, à droite : l'éclipse est totale ! La Lune prend une teinte particulière. Sur cet exemple, on voit très bien que l'éclairement de la Lune n'est pas homogène : c'est sans doute ce qui se produira le 21 février car notre satellite passe en périphérie de l'ombre terrestre.

Depuis quel site observer ? N'importe quel site fait l'affaire à condition que le ciel soit bien entendu dégagé (pas de nuages). En revanche, admirer un tel phénomène depuis un bon site (campagne, montagne), loin des pollutions lumineuses, offre un plus irremplaçable : celui de voir 'monter' le fond de ciel au fur et à mesure de la disparition de notre satellite : l'observateur découvre, au fil du temps, les étoiles et objets célestes les plus faibles qui avaient disparu, 'effacés' par la lumière lunaire au moment de la Pleine Lune.

Ci-dessus : la Lune éclipsée resituée dans son contexte sous un très bon ciel... L'amateur voit alors toutes les étoiles, même assez faibles, à proximité.

Avec quel instrument observer l'éclipse ? L'oeil nu... Mais l'idéal est de posséder une bonne paire de jumelles à fixer, si possible, sur un trépied photo. Les observateurs privilégieront ainsi des classiques jumelles 10x50, ou mieux encore des jumelles puissantes de type 20x80.
Cet instrument un peu particulier offre l'avantage de faire profiter d'une vision à deux yeux du phénomène : un confort important qui se double d'une qualité de visualisation supérieure... La Lune est en effet un objet céleste assez gros dans le ciel (diamètre apparent de 30 minutes d'arc environ). Il n'est donc guère utile de pousser les grossissements mais plutôt d'élargir le champ afin d'englober toute la scène.

Ci-dessus, à gauche : les jumelles Colorado 10x50.... Un grand classique, très efficace et de qualité. Le grossissement de x10 et le diamètre confortable des objectifs (50 mm) la rendent polyvalente pour l'observation du ciel comme de la nature.
Ci-dessus, à droite : les Geoptik 20x80 offrent un grossissement élevé de x20 et un diamètre d'objectifs très confortable (80 mm). De quoi admirer de nombreux objets célestes, du ciel profond en particulier.
(Vous pouvez cliquer sur les vignettes pour avoir plus d'infos...).

Comment photographier le phénomène ? Au foyer d'une lunette ou d'un télescope par exemple... Les temps de pose sont courts durant les phases partielles, et de plusieurs secondes durant la totalité. Durant cette dernière, il est primordial de posséder un instrument équipé d'une monture motorisée afin de suivre la Lune dans son déplacement apparent.
Pour ceux qui ne possèdent pas de matériel astronomique, un boîtier photo numérique équipé d'un petit téléobjectif (200 ou 300 mm) peut faire l'affaire : installé sur un pied photo, il faut sélectionner une sensibilité élevée (minimum 800 iso), la plus grande ouverture de diaphragme possible de l'objectif et effectuer des temps de pose durant la totalité de 1/2 s maximum.

Bonnes observations...

Christophe Lehénaff

mardi 12 février 2008

Rencontre avec Xavier Yvanoff...

Xavier Yvanoff est l'auteur d'une nouveauté très attendue : L'imaginaire du ciel au Moyen Age !

Il nous parle de son ouvrage...

L’idée d’écrire ce livre est née bien naturellement du désir que j’ai de comprendre la société médiévale et particulièrement les mentalités de cette époque. Or il est certain que les « terreurs célestes » décrites dans cet ouvrage nous montrent de simples gens de cette période aux prises avec des phénomènes qui les dépassent parce qu’ils ne les comprennent pas. La manière dont ils réagissent, tout comme la manière dont les chroniqueurs nous relatent ces faits nous donne de précieux renseignements sur ces mentalités. C’est la première raison qui a justifié l’écriture de ce livre.

Il semble maintenant difficile de dire si le grand public est encore enclin à accorder un crédit similaire à celui que les hommes du Moyen Age portaient à ces croyances. Il est certain que l’attrait pour ces phénomènes parfois extraordinaires restent le même. On se déplace et on se regroupe pour les observer et les articles de presses des spécialistes de ces questions accaparent l’attention du public. Mais aujourd’hui, nous les comprenons et nous avons des explications scientifiques pour toutes ces choses. Il y manque donc le mystère et parfois la peur qui étaient liés à ces manifestations lorsqu’elles se déroulaient au Moyen Age.

Mais je pense que l’intérêt est toujours très grand, comme si les splendeurs du ciel et les déploiements prodigieux de lumière et de formes que ce dernier est capable de manifester, présageaient toujours de la révélation de quelque secret. Sur ce point, comme l’homme médiéval, l’homme contemporain tente encore de déchiffrer quelque message dans le ciel.